Vous êtes ici: Delta et Gourma

Delta et Gourma sont indissociables de l’oeuvre et même de la vie de Jean Gallais. Ses séjours répétés nourrissent une analyse régionale et une pensée géographique sans cesse renouvelées. Aucune de ses productions sur le Delta ne fait état de certitudes absolues mais toutes apportent des conclusions mesurées, circonstanciées où s’ancrent les nouveaux questionnements. Si l’étude initiale (1957) s’inscrit dans le formalisme d’une géographie régionale classique renouvelée par la question du ressenti des populations à l’égard du milieu naturel, l’évolution différenciée des groupes ethniques constatée lors des séjours ultérieurs (décennie 70) le conduit à déborder cette « écologie culturelle » pour déplacer la géographie sur la question des rapports de pouvoir dont l’espace peut être un objet, un cadre sans qu’il en porte nécessairement la trace matérielle. Qu’un « effet de lieu » joue en faveur de cette dynamique intellectuelle (un autre lieu aurait-il été aussi propice ?), on peut le supposer mais c’est conjointement à un « effet de personnalité scientifique ». Si l’intimité nouée par le chercheur avec cette région a aiguisé sa sensibilité aux « petites choses » en discordance avec des tendances générales et pourtant tellement riches de significations, c’est aussi sa capacité à réviser ses propres catégories de connaissances qui ont permis la maturation d’une géographie culturelle indissociable de ses enjeux politiques.