Un daga aux hautes eaux, Namara. Paillote de type tomo

Source : Jean GALLAIS (1967), Le delta intérieur du Niger, étude de géographie régionale, IFAN-Dakar, 2 tomes, 621 pages, annexe photographique, photo 32.

Le daga est le camp de pêche complémentaire au village permanent. Abri de paille isolé pour un pêcheur et sa femme ou pour toute une concentration, il est la marque paysagère de l’animation saisonnière du delta. Considéré comme la cellule sociale élémentaire, il est l’élément marquant du finage hydrographique. De faible extension, il peut aussi s’étendre le long des rives du fleuve pour déborder totalement le finage hydrographique et devenir ainsi un camp « cosmopolite » et pluri-fonctionnel. Camp-halte de quelques jours, camp plus durable fondé sur une technique de pêche spécifique ou bien camp d’étiage de 6 à 7 mois réinvesti chaque année, le daga s’inscrit dans le paysage pour une durée inégale mais dans un temps cyclique. Homologue du village permanent à l’écart des chenaux ou unique forme d’habitat concentré d’une collectivité dispersée aux hautes eaux, le daga offre un contenu sociologique variable. Les circonstances locales ou l’évolution historique (affaiblissement des contraintes) font quelquefois préférer au village originel le daga d’étiage qui devient par réajustement aux circonstances nouvelles le village permanent. Le daga à charge morphologique et sociologique laisse le géographe bien dépourvu quand il ne dispose pas de terme prêt à saisir cette réalité.

[Extraits de la thèse]