Les territoires pastoraux

Source : Jean GALLAIS avec la collaboration de Jocelyne et Jérôme Marie (1975), Pasteurs et paysans du Gourma : la condition sahélienne, CNRS-CEGET avec l'aide de l'Université de Rouen, Mémoire de géographie tropicale, 239 pages, annexe cartographique, carte 6.

La recherche des territoires pastoraux constitue un objectif majeur de l’ouvrage, largement atteint par les choix techniques. Peut-on identifier des territoires pastoraux dans un espace dont la nature est inaliénable ? L’absence de marques paysagères mais aussi de droit inscrit dans l’espace pourrait conduire à penser que non. Pourtant, les choix cartographiques qui permettent de représenter sur un même document « espaces d’itinéraires » et « lieux de halte » montrent une véritable organisation de l’espace par delà l’existence des territoires pastoraux eux-mêmes. C’est en effet des rapports entre ces territoires pastoraux que Jean Gallais déduit les rapports entre groupes de nomades. La répartition des territoires pastoraux ne doit rien au hasard et répond à une double logique « d’exclusion du même » (du groupe pastoral de même statut) et « d’association à l’autre ». Les territoires pastoraux s’entrelacent, couvrent ensemble la majeure partie du Gourma mais se recoupent en lieux régulièrement répartis où principes d’exclusion et d’association favorisent des rapports quasi féodaux souvent réglés par « la psychologie guerrière du Tamacheq » (1). Ainsi, le Tamacheq qui « n’est pas l’homme des espaces clos » invite-t-il à interpréter « de façon virile » le concept d’une « nature à tous » cad « à ceux qui ont la force ».

(1) Jean Gallais préfère le terme Tamacheq à celui de Touareg, expression péjorative étrangère que l’on trouve dans la littérature internationale, étendu par les français à une communauté de langue (cf note page 43).