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Techniques de pêche. Capture des Alestes au ganga, environs de Siné en février.

Source : Jean GALLAIS (1967), Le delta intérieur du Niger, étude de géographie régionale, IFAN-Dakar, 2 tomes, 621 pages, annexe photographique, photographie 29.

Cette photographie est mentionnée à deux reprises dans un texte qui les met en parallèle. Illustrant initialement ce qu’est un outil de grande dimension, ce cliché est ensuite évoqué pour montrer comment les Tié de Nouh le manipulent. Mais ici encore par delà la description technique, c’est l’analyse de la relation des hommes au milieu qui intéresse Jean Gallais. Elle est même poussée dans un haut niveau de complexité tant les Tié de Nouh, dispersés en une diaspora élargie à une grande partie du Delta, ont combiné l’héritage culturel technique des leurs aux conditions locales renouvelées par une migration constante. « Les exils subis par les Tié de Nouh s'ajoutant aux migrations traditionnelles des pêcheurs, ont fait de ce village le centre d'une diaspora étendue à la plus grande partie du Delta (fig. 43). Un peu partout vers l'aval on trouve des daga dont les habitants descendent des Tié de Nouh. Un certain nombre sont devenus de véritables villages. Les plus anciens remontent à la dispersion décidée par les Toucouleurs. (p. 431)». Cette technique de pêche spécifique des Tié de Nouh suppose des circonstances spatiale et temporelle : « Un peu avant le maximum de la crue, un certain nombre de pêcheurs quittent le village et se dispersent vers le sud dans les hautes plaines, de Souleï à Sarro. Après avoir remonté patiemment avec le flux qui s'épuise, ils arrivent au milieu des hautes touffes de vétiver. En son extrême dilatation la nappe semble à l'étale mais les pêcheurs découvrent les courants lents qui vivent encore ou qui amorcent la décrue. Ils plantent là un daga minuscule, trois ou quatre paillotes. A travers la nappe d'eau ils élèvent une diguette de terre, renforcée des chaumes de vétiver, dont les longs bras en V resserrent le courant en un étroit goulet. Les Tié y présentent l'ouverture de leurs grands filets triangulaires, le gânga (photo 29). Lorsqu'un poisson s'y est engagé, le pêcheur relève l'armature en appuyant l'extrémité sur son genou gauche et retourne le filet sur une poche en paille tressée, soutenue par des pieux enfoncés dans le sol. Les pêcheurs capturent ainsi le tinéni et, de temps en temps, un poisson-chien se fait prendre.(p. 434) »

[Extraits de la thèse]