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Soala. Les éleveurs campent dans le Soforo en février

Source : Jean GALLAIS (1967), Le delta intérieur du Niger, étude de géographie régionale, IFAN-Dakar, 2 tomes, 621 pages, annexe photographique, photographie 18.

La photographie qui présente des éleveurs Peul nomades sur un arrière plan d’agriculture sédentaire témoigne de la subtilité des arrangements humains démêlés par Jean Gallais.

A Soala, la pression démographique accrue au cours de l’histoire associée à des conditions pédologiques difficiles ont conduit les cultivateurs Bambara à faire preuve d’une grande inventivité sur le plan des techniques de mise en valeur. La création d’un véritable « terroir de terre sèche » en est l’exemple. Le so-foro, textuellement « champs de la maison », est l’auréole de champs contigus proche du village cultivée en plusieurs cycles de mil grâce à l’importante fumure apportée par les troupeaux transhumants de Peul. Comme ceux-ci franchissent le Bani (un bras du delta) à proximité du village, les cultivateurs rivalisent d’ingéniosité pour attirer les troupeaux dans leurs champs. Ainsi, « les Bambara construisent des tonnelles en bois et paille pour abriter les familles Peul. (p. 321).» C’est aussi pour attirer les troupeaux, pour protéger les sols et pour pérenniser le bénéfice de la fumure animale que « les femmes des paysans assurent leur ravitaillement en eau et les jeunes filles viennent piler le mil (p. 321) ».

Trompeuse au premier abord, cette photographie témoigne de la réinvention constante des conditions techniques d’exploitation du milieu résultant d’une recombinaison permanente et subtile des faits naturels, historiques, politiques mais surtout des rapports entre groupes sociaux.

[Extraits de la thèse]