Vous êtes ici: Expertise Expertise #1

Couverture du numéro


Source : Jean GALLAIS (ss la direction de) (1977), Elevage et contacts entre pasteurs et agriculteurs. Stratégies pastorales et agricoles des sahéliens durant la sècheresse 1969-1974, N° 30, CNRS-CEGET, 281 pages.

« Ces documents sont de lecture désolante », le constat de Jean Gallais est sans appel. Alors qu’une sècheresse dramatique s’est abattue sur le Sahel de 1969 à 1974, alors que d’innombrables rapports internationaux ont été commis à son propos (F.A.O, O.C.D.E), rien n’est dit de la façon dont les populations, par leurs stratégies d’adaptation, ont vécu ce dernier basculement climatique. Faute d’avoir saisi que « la « normalité sahélienne », c’est bien l’occurrence de telles sècheresses dramatiques toutes les trente à quarante années », les experts n’ont pas envisagé que les stratégies d’adaptation, accentuées par la période particulièrement faste qui a précédé, ne sont pas négativement simple réaction des hommes aux conditions climatiques mais poursuivent l’objectif historique du pastoralisme, perpétuent un « genre de vie ». L’ampleur de l’alternance climatique, le caractère inédit des pratiques socio-spatiales, la volonté de préservation d’une culture historique composent une « nouvelle sahélité » qui ne renie pas l’ancienne. Face aux conséquences humaines dramatiques de la sècheresse, et comme les spécialistes dont il s’est entouré pour cette étude placée sous le patronage du CEGET-CNRS, Jean Gallais ne répugne pas au statut de conseiller du prince. Conduite dans le but de proposer une « stratégie optimale » propre à inspirer les pouvoirs publics, cette étude ne minore pas « la difficulté à dégager simultanément des territoires pastoraux fonctionnels et des collectivités sociologiquement valables ». Encore faudra-t-il « convaincre les technocrates qu’une entreprise moderne peut s’appuyer sur les donnés sociologiques de la tradition ». Encore faudra-t-il mesurer les enjeux sociologiques des différentes options politiques. Evacuer, sauvegarder ou transformer le Sahel expose les sociétés à des évolutions différentes. L’ethnocide qu’encourent les pasteurs est la plus irréversible, à moins qu’elle ne soit un but inavoué des pouvoirs publics se demande Jean Gallais dans une conclusion adressée autant aux scientifiques qu’aux politiques.

[Sommaire]

[Avant-propos, Jean GALLAIS]

[Conclusions]